Depuis septembre 2014, l’UFORCA a un bulletin commun à toutes les Sections, Antennes et Collèges Cliniques francophones. Il s’agit d’Ironik !
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SECTION CLINIQUE DE NICE
SESSIONS PRÉCÉDENTES ET PUBLICATIONS
Dans le cadre de la Section clinique de Nice, certains travaux d’enseignants, de participants et surtout de conférenciers invités, trouvent leur trace dans Les minutes du Cercle ou dans Les Cahiers cliniques de Nice. Le premier numéro de ceux-ci a eu le privilège de la publication de ce qui était un inédit de Lacan, sa conférence « Le phénomène lacanien », prononcée au Centre Universitaire Méditerranéen de la Promenade des Anglais, en 1974, et établi par Jacques-Alain Miller. Il a fait l'objet d'un tiré à part publié en 2011.
On peut commander Le phénomène lacanien au secrétariat de la Section clinique de Nice (sectioncliniquenice@gmail.com), pour 15 euros par exemplaire, port compris.
Vous trouverez ci-dessous les numéros téléchargeables des Cahiers cliniques de Nice.
Janvier 2024
Tout le monde délire... à chacun sa façon
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Argument
À l’heure où la dépathologisation de la clinique est de plus en plus présente dans les institutions, le terme de « délire » circule largement dans la société contemporaine. Ce signifiant réservé jusqu’alors à la clinique psychiatrique est passé dans le discours commun pour caractériser des états de sidération, d’extravagance – soit ce qui excède l’ordinaire. Le « c’est du délire ! » est désarrimé de la clinique et perd sa spécificité pour rejoindre un universel. L’aphorisme de Lacan, écrit pour défendre la faculté de Vincennes menacée de disparition, est le suivant : « Comment faire pour enseigner ce qui ne s’enseigne pas ? Voilà ce dans quoi Freud a cheminé. Il a considéré que rien n’est que rêve, et que […] tout le monde est fou c’est-à-dire délirant[1] ».
Le délire comme discours
Au début du XXe siècle, la clinique psychiatrique s’est intéressée à la question du délire dans ses rapports avec la psychose. Des aliénistes célèbres ont exprimé des positions opposées : certains ont vu une discontinuité entre délire et psychose quand d’autres ont établi un continuum entre les deux. Freud, dans son texte de 1924, revient sur le rapport à la réalité dans la névrose et la psychose et conclut : « pour la névrose comme pour la psychose, la question qui vient à se poser n’est pas seulement celle de la perte de la réalité, mais aussi celle d’un substitut de la réalité[2] ». Ces deux entités cliniques ont donc un rapport à l’activité fantasmatique, qui est différent dans la forme, alors qu’elles possèdent une structure identique. Dans son dernier enseignement, Lacan va apporter un éclairage nouveau en faisant du délire un discours articulé. Avec la mise en avant de « moments féconds » dans la psychose – les phénomènes élémentaires – il établit que ces phénomènes qui sont structurés comme un langage, sont l’équivalent des formations de l’inconscient dans la névrose. Face à la psychose, l’analyste lacanien ne recule pas. Bien au contraire, il accueille le délire de son patient et vise à le réduire à une « métaphore délirante » compatible avec le lien social.
Le délire pour tous
Avec l’invention du nœud borroméen, Lacan dégage une nouvelle voie qui permet à chacun de trouver un nouage singulier des trois registres, imaginaire, symbolique et réel, et de bricoler un savoir y faire dans l’existence. Ce dernier enseignement est un bouleversement inaugurant une autre clinique. Le rapport au langage n’est plus premier, la vérité est « menteuse », le hors-sens domine et le délire est une façon de se défendre du réel.
Rien n’est que rêve
Freud fait du rêve la voie royale vers l’inconscient. Il pose également que parfois on rêve, parfois on ne rêve pas. Lacan s’en écarte et généralise le rêve en disant que d’une part, nous rêvons tout le temps et que, d’autre part, on ne se réveille que pour continuer à rêver[3]. Nous rêvons donc toujours, souvent sans le savoir. Les fictions de nos vies, nos croyances, celle du Nom-du-Père, d’une vérité qui serait toute, ces souvenirs qui nous obsèdent, ne sont que rêves que la fin de l’analyse déconstruit ouvrant une voie nouvelle vers un bout de réel qui offre la possibilité de se réveiller un jour. Telles sont les quelques pistes que nous mettrons au travail cette année, en suivant la proposition de Jacques-Alain Miller lors de sa conclusion des Grandes Assises Virtuelles Internationales[4] pour l’avenir de la psychanalyse : « mettre notre pratique au pas de cette nouvelle ère ».
[1] Lacan J., « Lacan pour Vincennes ! », Ornicar ?, N° 17/18, Printemps 1979, p. 278.
[2] Freud S., « La perte de la réalité dans la névrose et dans la psychose » (1924), Névrose, psychose et perversion, Paris, PUF,1988, p. 303.
[3] Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, pp. 52-53.
[4] https://www.grandesassisesamp2022.com « La femme n’existe pas », qui ont eu lieu par visioconférence du 31 mars au 3 avril 2022.
Novembre 2022
L'égarement de nos jouissances
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Argument
Désordre dans la clinique
La clinique quotidienne confronte les praticiens à des phénomènes erratiques, souvent insaisissables et toujours inquiétants : TS, scarifications, mises en danger diverses, addictions et passages à l’acte. Les affects dominants sont la solitude et l’ennui, parfois une détresse mélancoliforme. La haine est dénudée, et la parole désinvestie voire dangereuse : l’Autre n’est pas vécu comme un lieu d’adresse possible ou un recours, et en retour, son discours est ressenti comme stigmatisant et réduit à des exigences. Le tableau d’ensemble est celui d’un grand désordre dans la clinique. Quels repères nous permettent d’être présents pour ces sujets déboussolés ?
Repère
« L’égarement de nos jouissances » est une formule qui vaut pour cette actualité brûlante, mais qui vaut aussi bien pour d’autres temps : n’en déplaise aux nostalgiques de l’ordre ancien, du temps de la marine à voile et de la lampe à huile, comme disait l’autre, ce n’était pas mieux hier. Mais le déclin du patriarcat, d’une forme binaire et sans nuance du symbolique, de la domination familiale et sociale des pères[1] et de la norme-mâle, se traduit dans la vie quotidienne et donc dans la clinique par un évident dérèglement général : la violence et les passages à l’acte explosent, la solitude se fait extrême, sinon dans les effets de bande, les automutilations et les gestes auto-agressifs prolifèrent. Ce désordre dans le rapport au corps, au sexe et à autrui est particulièrement sensible et spectaculaire chez les jeunes gens qui franchissent le seuil de la puberté, peinent à entrer dans l’âge dit adulte et n’ont aucun désir d’acquérir le supposé statut de « grandes personnes ».
Mais la formule, pour y revenir, est venue dans la bouche de Lacan en 1974, dans le dialogue connu sous le nom de « Télévision[2] ». Elle valait alors aussi bien pour le moment de chamboulement social et intime de l’après-68, que pour ce que Lacan appelle alors « la structure ». Il répond à une question de Jacques-Alain Miller : « Il y a une rumeur qui chante : si on jouit si mal, c’est qu’il y a répression sur le sexe, et, c’est la faute, premièrement à la famille, deuxièmement à la société, et particulièrement au capitalisme ».
La réponse est progressive et dialectique : 1. Freud n’a jamais dit que le refoulement provient de la répression et il a pensé de plus en plus que le refoulement était premier. 2. Ce qui est en jeu dans le désordre de la jouissance, c’est la « gourmandise du surmoi ». Celle-ci est « structurale, non pas effet de la civilisation, mais malaise (symptôme) dans la civilisation ». 3. D’où la clé qu’apporte Lacan et qui éclaire les effets cliniques auxquels nous nous intéressons : « Dans l’égarement de notre jouissance, il n’y a que l’Autre qui la situe ». Et la cauda qui précise ce qui concerne l’époque où nous sommes (que Lacan appelle ailleurs le discours capitaliste) : « la précarité de notre mode (de jouissance), qui désormais ne se situe plus que du plus de jouir ».
Jouissance autiste et nécessité de l’Autre
C’est donc de structure, que la jouissance ne s’ordonne que parce qu’il y a de l’Autre, qui lui apporte ses limites[3]. Le malaise est donc de tous lieux et de tous temps, du fait que nous consentons à vivre dans une forme ou une autre de lien social. Lacan a pu faire du Nom-du-Père l’opérateur de cette régulation. Mais le nom-du-père, on le cherche avec une lanterne en plein jour, à notre époque, où il ne s’agit plus que d’une façon, « traditionnelle et héritée » de nouer les exigences de la pulsion avec celles de la vie avec autrui, le désir et la loi. Car il n’est plus question de tradition ni d’héritage et la parole de l’autre a perdu son crédit. Les affolements auxquels nous prêterons une attention particulière pendant cette session sont corolaires du chaos contemporain au champ de l’Autre. C’est celui-ci qui met à nu la pulsion dans sa crudité, et son expression ultime qui est pulsion de mort.
Reste l’enjeu qui est celui de notre clinique, sous transfert : permettre au sujet, depuis son désarroi et son errance, de trouver un savoir y faire, avec ce qui est plus fort que lui.
[1] Lacan diagnostique en 1938, dans « Les complexes familiaux » (Autre écrits, page 23) ce qu’il appelle « le déclin social de l’imago paternelle ».
[2] Lacan Jacques, « Télévision », Autres écrits, Éditions du seuil, 2001, page 509.
[3] Un mathème résume cela : A/(J barrée) --> a.
Novembre 2021
Emprise et consentement
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Argument
C’est en 1905, dans ses Trois essais sur la théorie de la sexualité, que Freud évoque initialement la pulsion d’emprise à l’origine de la cruauté infantile. Puis cette « brutale pulsion d’emprise » sera associée à la sexualité des hommes qui comporte, dit-il, « une adjonction d’agression, de penchant à forcer les choses, dont la signification biologique pourrait résider dans la nécessité de surmonter la résistance de l’objet sexuel autrement encore qu’en lui faisant la cour ». S’y rajoute le problème de l’amour. Freud note dans son Au-delà du principe de plaisir, que « l’amour concentré sur un objet » va avec la tendance à l’agression et la haine. Il rappelle ce que « l’instinct sexuel » contient de sadisme, la possession amoureuse coïncidant pour lui avec la destruction de l’objet.
Avec Lacan, le concept de jouissance conjoint le sexe et la mort, au point que « toute pulsion est virtuellement pulsion de mort ». L’amour peut ainsi être synonyme d’emprise, davantage encore quand il convoque la jouissance. L’emprise rime alors avec le ravage, autre face de l’amour.
Consentir, c’est dire oui. Oui, à la demande de l’Autre, quelle que soit sa forme et ce qui l’anime : désir ou jouissance, prière ou pression, suggestion tendre, insistante, voire impérative. La question est du côté du sujet : qu’est-ce qui motive le consentement ? Par la séduction, la ruse, l’autorité ou le prestige (mais pas la violence et la force, qui relèvent de la contrainte), l’emprise est un forçage qui fausse le consentement en le privant du discernement qui lui donne sa valeur. D’où le poids de la suggestion, dont le ressort est hypnotique. Accord, contrat, donnant-donnant, harmonie, figures de l’illusion du rapport sexuel et de la soumission. La question qui se pose à chaque fois est celle de la responsabilité du sujet et de son consentement. Quelle valeur a ce consentement au regard de l’inconscient, du fantasme, et de cette prise de l’être dans l’amour ou la passion ? On ne se satisfait pas de la réponse imaginaire, symétrique – que Lacan réfute –, activité-passivité : au sadisme masculin répondrait le masochisme féminin, et chacun aurait son compte de son côté du miroir.
Chez Freud, c’est l’amour du père qui justifie et permet le consentement (Bejahung) à la castration et à ce que Lacan appelle la loi du désir : « Seul l’amour permet à la jouissance de condescendre au désir », écrit-il.
C’est ce qu’illustre le témoignage de Vanessa Springora, aujourd’hui, aussi bien que Les Liaisons dangereuses, au XVIII° siècle : l’amour supposé en jeu est le principe actif. Ce n’est pas tant l’amour porté au partenaire, que celui qu’on lui prête, qu’il affirme à l’égard du sujet, lequel se vit alors comme l’unique, l’élu, – Agalma incarnée et reconnue dans son statut d’exception. La chute de cette illusion de l’amour venant de l’autre cause la déprise, l’effondrement subjectif et le ravalement. Vient le temps de la haine ou de la révolte, et du rejet du partenaire imposteur. Ce que Lacan nomme forclusion est du même type : c’est, dit-il, le rejet de l’imposture paternelle. Consentir, c’est se faire la dupe de (ou a contrario la non-dupe). C’est donc une affaire de crédit fait à l’autre ou de croyance : « Servitude volontaire », disait La Boétie…
Nous nous instruirons de l’actualité de l’emprise et du consentement, en n’éludant pas ladite « zone grise » entre le oui et le non, les effets du surmoi, féroce et pousse au jouir. Il conviendra d’aborder l’emprise dans les psychoses (y compris le syndrome d’influence et l’altération du discernement) ; les formes perverses (dites aujourd’hui par les médias « narcissiques »), le ravissement, la séduction, la manipulation, l’abus de faiblesse ; les addictions ; les phénomènes de groupes : religion, endoctrinement, sectes ; des familles (on parle « d’aliénation parentale ») ; l’embrigadement, la radicalisation, la fascination de masse par le tyran. Il sera aussi question des usages pervertis du transfert.
Septembre 2021
URGENCES
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Argument
C’est l’urgence subjective – comme conséquence de la rencontre traumatique d’un réel – qui précipite l’entrée dans le transfert et l’expérience analytique : il y a urgence à dire. L’analyste est celui qui accepte de faire la paire avec ces « cas d’urgence »1.
C’est pourquoi Lacan insiste sur la formation de l’analyste, qui doit y répondre de la bonne façon2. Plus encore que le transfert, c’est un « ça urge »3 qui pousse l’analysant à élaborer une demande. Il s’agit d’une « urgence de la vie »4 qui, comme Lacan le précisera dans son tout dernier enseignement, vise une « satisfaction »5 du parlêtre dans sa course après le « mirage de la vérité »6. Ainsi, l’urgence que le psychanalyste accueille se situe au joint le plus singulier de l’être parlant : celui de la parole et de la jouissance. Ce que le sujet va découvrir c’est que cette urgence, si elle ouvre la voie à la parole, doit en passer par les défilés du signifiant pour que la demande se constitue en symptôme analytique.
Freud nous a appris que l’inconscient ignore le temps. Au cours d’une analyse, des événements refoulés émergent et témoignent de leur vivante actualité pour le sujet. Le temps entre passé et présent est alors réduit, condensé. Les avancées ne se font pas dans une linéarité temporelle, mais plutôt dans une discontinuité faite de temps fructueux et de temps d’attente durant lesquels l’inconscient se referme. À l’instant de voir, à la fulgurance de l’urgence, vient donc répondre le temps pour comprendre.
Mais, Lacan a montré qu’à ce second temps logique succède le moment de conclure7. Il n’est alors plus temps de penser, mais d’agir dans la hâte. Ce moment s’impose lorsque l’analyse, menée jusqu’à son terme, conduit le sujet à un c’est assez. Ce nouveau statut de l’urgence soutient le désir et la dimension de création. Il peut ouvrir sur un désir de passe, pour transmettre à la communauté analytique sa solution singulière.
Si comme le dit Lacan, il n’est « rien de créé qui n’apparaisse dans l’urgence »8, quel destin peuvent trouver les variétés de l’urgence subjective à l’époque où les exigences de jouissance immédiate dévaluent la parole et déprécient le temps de l’élaboration ?
L’analyste pour sa part, par son acte, peut s’inscrire de façon imprévue dans l’urgence. Comme Freud le notait : « le lion ne bondit qu’une fois »9. L’époque invite aussi les analystes lacaniens à sortir de leurs cabinets et à prendre position, le cas échéant dans l’urgence (Lettres de J.-A. Miller à l’opinion éclairée, création des CPCT, de la movida Zadig…).
Tels seront les grands axes que nous mettrons au travail au cours de l’année 2019 – 2020. Les ateliers de la Section Clinique permettront aussi d’étudier les situations d’urgence médicale ou sociale auxquelles patients et cliniciens peuvent être confrontés dans les institutions.
[1] Lacan J., « Préface à l’édition anglaise du Séminaire XI », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, pp. 571-573.
[2] Lacan J., « Du sujet enfin en question », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 236.
[3] Miller J.-A., « La passe du parlêtre », La Cause freudienne, n° 74, janvier 2010, pp. 113-123.
[4] Lacan J., Le Séminaire, Livre VII, L’Éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986, p. 58.
[5] Lacan J., « Préface à l’édition anglaise du Séminaire XI », op. cit.
[6] Ibid.
[7] Lacan J., « Le temps logique… », op. cit., p. 206.
[8] Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage », op.cit., p. 241.
[9] Freud S., « L’analyse avec fin et l’analyse sans fin », Résultats, idées, problèmes, Tome II, Paris, PUF, 1985, p. 234.
2020-2021
Malaise dans le genre
Les textes1 réunis dans ce cahier traitent les multiples facettes d’une question qui se pose aujourd’hui en termes de genre. C’est à l’éclairage de la psychanalyse, de sa théorie et de son expérience, que cette question est abordée. Il est question ici de malaise, d’embarras et d’égarement, tel qu’en témoignent des sujets dans leur rapport à leur corps, aux changements que connaît celui-ci, à la différence sexuelle, à l’identité éprouvée qui peut s’avérer problématique, mais aussi dans le rapport à autrui, aux partenaires, au corps d’autrui et à la jouissance. Certains cas cliniques évoqués, mais pas tous, concernent des « adolescents ».
Nous entendons cette expression, l’adolescence, empruntée au discours courant, comme indication d’une période de passage entre l’enfance et l’âge adulte. Elle a pu être courte autrefois, mais s’étire et s’allonge, avec l’enjeu de multiples choix d’orientation, qui se suspendent et s’éternisent. Quand l’Autre était consistant, il assignait à chacun sa place dans l’être et dans le monde. Mais à présent que l’Autre se révèle comme fiction, il revient à chacun de choisir sa place et de se définir. Cette responsabilité nouvelle ne va pas sans égarement(s) et sans flottement. Les sujets témoignent ainsi de leurs doutes et de leur indétermination dans à peu près tous les domaines, comme pour le choix des études à faire et d’une profession, pour lesquels on leur propose une réponse par algorithme. Mais l’incertitude se traduit aussi et surtout en ce qui concerne les choix de vie intimes : avoir des relations sexuelles, faire couple, se marier, décider de faire des enfants… C’est, à la base, la sexuation elle-même qui apparaît problématique. D’où l’émergence des Gender Fluid et de positions floues qui traduisent le caractère liquide de l’être pour le sexe (des identités ?) Actuellement, ceux qui témoignent d’un refus de toute assignation se définissent comme inclassables et ne font pas nécessairement état d’une position fixe et assurée. Ils sont plutôt dans la revendication d’un statut d’Un-tout-seul, sans contraire et hors de la logique aristotélicienne du ou bien/ou bien. Mais combien de temps resteront-ils ainsi, hors d’un discours établi ? Lacan avait pressenti que le partage binaire homme/femme se révélerait étroit et que les sujets ne s’y inscriraient pas facilement. D’où sa formule à l’emporte-pièce : « L’être sexué ne s’autorise que de lui-même et de quelques autres2 ».
La question du genre rebondit aujourd’hui dans le Champ freudien, après la parution du livre d’Éric Marty, Le sexe des Modernes3, et d’un entretien entre celui-ci et Jacques-Alain Miller. Les choses ne font que commencer.
Philippe De Georges
[1] Ces textes ont été produits soit dans le Séminaire interne de l’ACF en ECA, soit au sein du Cercle-Uforca de la section clinique de Nice.
[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XXI, « Les non dupes errent », Leçon du 9 avril 1974, inédit.
[3] Marty É, Le sexe des Modernes, Paris, Seuil, 2021.
Avril 2020
Le sans pareil en psychanalyse.
Signes discrets, divins détails et « choses de finesse »
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Argument
Il y a une clinique à grands traits. C’est celle que justifie le repérage sur la mise en fonction du Nom-du-Père, ou son rejet. D’un côté, conjoncture de déclenchement, trouble du langage, hallucinations, délire, passages à l’acte éventuels ; de l’autre, névrose infantile, historisation, refoulement, symptômes chiffrés, construction d’un fantasme dialectique : soit une logique binaire permettant de se repérer dans la structure, en préalable à tout traitement. Cette clinique se prête au mathème.
Mais l’évidence s’est vite fait jour que l’expérience, en particulier dans les cures, donne lieu à des manifestations moins spectaculaires, moins bruyantes et surtout souvent moins tranchées. D’où l’intérêt pour les détails subtils et parfois peu visibles, les signes discrets, c’est-à-dire à la fois cachés et discriminants et les « choses de finesse1 » qui révèlent la diversité et la complexité des cas. « La finesse, c’est ce qu’on met en jeu quand le concept défaille ».
« Les choses de finesse sont celles qui ne se démontrent pas selon la géométrie ». Le plus infime trait s’avère être une signature.
Ces indices permettent de s’orienter quant au diagnostic, mais aussi de porter l’attention la plus vive à la singularité des cas, qui fait de chaque sujet engagé dans le dispositif analytique un sans pareil : « À côté de l’inconscient, il y a le singulier du sinthome ».
La psychanalyse, pure ou appliquée, avance ainsi quotidiennement avec deux axes qui, pour être distincts, s’avèrent compatibles : celui du diagnostic, qui suppose des catégories et des classifications nosologiques, et celui de la différence absolue qui est le cœur du désir de l’analyste. La pratique est alors guidée par une question qui concerne le rapport du sujet à sa jouissance.
La réflexion sur le symptôme conduit à se demander : « “Qu’est-ce que ça satisfait ?”. Et cette question est sensiblement distincte de la question “Qu’est-ce que ça signifie ?” » Ainsi, « le déchiffrement s’arrête sur le hors-sens de la jouissance ».
Nous nous attacherons cette année à cette clinique du détail et des choses de finesse, qui fait la richesse de l’éclairage analytique.
[1] Les citations entre guillemets sont extraites du cours de Jacques-Alain Miller, « L’orientation lacanienne. Choses de finesse en psychanalyse » (2008-2009), enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, inédit.
Mai 2020
Le vocabulaire de Lacan
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Dès le début de son enseignement, en 1956, après de longues années de pratique, Lacan utilise un vocabulaire qui lui est propre. Même lorsqu’il commente Freud, sur la doctrine duquel il ne cessera pas de s’appuyer, il emploie ses « signifiants ». C’est une façon de s’approprier l’élaboration analytique, de faire siens les éléments de la théorie qui lui préexistent et de faire à sa main les concepts freudiens. Il dira à ceux qui l’écoutent ou le lisent qu’il faut en passer par eux. Ces termes se retrouvent tout au long de ses Séminaires, Conférences et Écrits, évoluant au gré de son cheminement et de leur usage dans la réflexion sur la pratique des cures. Il arrive que les changements soient considérables et même qu’il ait recours – rarement – à la fabrication de mots nouveaux. Mais généralement ces locutions sont empruntées à la langue commune, parlée par tous ou au moins par les « psy », même si à chaque fois il leur imprime une torsion et subvertit le sens commun.
Nous pouvons rapidement énumérer certains des mots de ce lexique lacanien : le signifiant, le sujet, l’objet, le petit autre et le grand Autre, la jouissance et la lettre. Nous nous demanderons comment Lacan infléchit l’usage de mots banals : celui de sujet (mot aussi courant dans la grammaire que dans le droit et la psychologie), qu’il « subvertit » pour en venir au sujet barré de l’inconscient ; celui d’objet, qu’il transforme en objet a. Certains termes caractérisent une catégorie ou une « instance », comme signifiant et symbolique. Ce dernier entre en fonction en se distinguant et en se liant à deux autres registres, l’imaginaire et le réel. Ces mots se combinent pour former ce qu’il appellera ses algorithmes, ses schémas, ses graphes et ses mathèmes : algorithme du signe, du transfert ; graphe du désir ; mathèmes du fantasme, de la pulsion ; structure des (quatre) discours. Nous irons du plus simple au plus complexe, avançant pas à pas, tâchant d’éviter toute précipitation, et avec le double souci de la clarté et de la rigueur.
Décembre 2018
Une pratique éclairée
Après Freud et Lacan
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Argument
Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? C’est quoi, notre clinique, aujourd’hui ? Comment vit-on l’analyse ?
Aujourd’hui, les concepts fondamentaux de la psychanalyse ne cessent d’évoluer, de s’enrichir et de se transformer, du fait de l’expérience cumulée comme du fait des changements profonds du monde. Comment pensons-nous aujourd’hui notre pratique, comment l’orientons-nous et la vivons-nous, après Freud et Lacan ?
L’analyse est une expérience. Chaque cure est sans pareil. Le savoir qui s’y révèle procède de la venue au jour de ce qui constitue l’inconscient d’un sujet unique en son existence. Il est question de choses vues, entendues, perçues par un individu qui parle, de ce qui lui a été transmis, de ce qui l’a marqué au cours de son histoire, faits, signifiants, traumatismes comme bonnes rencontres…
Cette vie, dont les associations libres permettent d’élaborer les lignes de destinée, recèle ce qui lui est le plus intime, qui se mêle inextricablement avec ce qui, de l’Autre, a fait trace et s’est inscrit dans son esprit et dans sa chair. Du flot de paroles dites, quelques formules peuvent s’extraire, qui constituent ce que l’analysant a de plus singulier, qui lui est le plus propre, mais qui lui apparaît en même temps comme le plus étrange et le plus étranger.
Cette expérience est possible depuis que Freud en a ouvert la voie. Cela fait plus de cent ans, donc, que des personnes en font l’épreuve. Comme Freud nous y a invités, chaque analyste se dépouille autant que faire se peut de tout savoir préalable, afin d’aborder chaque cure comme si elle était la première, sans antécédent, sans point de comparaison et sans préjugé. L’accueil de chaque discours analysant suppose cette fraîcheur naissante qui seule permet la surprise et la découverte à partir de la contingence et de l’indéterminé. Le savoir dans une analyse n’est pas préalable : il est à advenir. Sa source est ce que le sujet dit de lui-même et qui se met au jour pas à pas, mot à mot, comme s’il ignorait ce qu’il sait : le savoir supposé de son inconscient.
Les cas se sont multipliés de par le monde et les concepts qui permettent à l’analyste de s’offrir comme instrument du travail analytique ont cheminé au gré de leurs multiples usages. Ils étaient suffisamment ouverts au départ pour se modifier et s’enrichir avec le temps. À mi-parcours, Lacan en dénombrait quatre dans l’œuvre freudienne et dans les récits de cures qu’il nous avait légués, dont il faisait « Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse » : l’inconscient, la pulsion, la répétition et le transfert. Ce sont les repères essentiels, en effet, de la clinique qu’ils éclairent. Tel est le savoir indispensable pour tout analyste, toujours réactualisé et enrichi, qu’il doit avoir et qu’il doit mettre aussi de côté.
Cet éclairage ne porte pas seulement sur ce que l’on appelle l’analyse pure, mais aussi sur la psychanalyse appliquée : aux institutions, à la psychothérapie et sans doute à la politique. Partout où des personnes, qui se sont analysées, s’en servent pour être au plus près du désir des sujets qu’ils rencontrent dans leurs pratiques diverses et qu’ils se gardent de suggestionner, normaliser, éduquer ou redresser, comme trop souvent la société le souhaite.
Quels sont nos repères dans la pratique d’aujourd’hui ? Qu’est devenu le binaire névrose/psychose, depuis que l’on parle de psychose ordinaire ? Comment la clinique dite borroméenne, celle des nouages et des débranchements, modifie-t-elle la direction des traitements et des cures ? Que sont l’orientation vers le réel, l’accent mis sur la jouissance de l’être parlant, sur ses défenses et leur ébranlement ? C’est ce qui sera le thème de notre session de formation.
Décembre 2017
Le triomphe de l'image
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Argument
En 1954, Lacan évoquait « le besoin d’imager qui conduit à l’idolâtrie ». Ce que l’homme adore ainsi, c’est son image. De tout temps, l’homme s’est imaginé d’autant plus maitre de son être qu’il s’est cru beau et s’est érigé glorieux. Pourtant, cette belle forme qu’il construit, qui l’enveloppe et lui donne consistance, masque une horreur : celle du corps qui « fout le camp à tout instant ». Ainsi, l’image permet-elle de ne rien savoir du réel qu’elle voile et du trou qu’est le corps.
Si cette passion narcissique est aujourd’hui exacerbée par les techniques que la science rend possibles – chirurgie esthétique, changement de sexe ou selfie –, sur quoi l’imaginaire triomphe-t-il ? D’abord sur le langage. Sur le signifiant qui est l’autre moyen de se défendre contre le réel et dont on peut dire, à l’ère du discours capitaliste, qu’il a du plomb dans l’aile ! C’est d’ailleurs ce qui alimente son retour dans les fondamentalismes religieux, lesquels condamnent férocement la jouissance et l’image (qu’ils savent cependant manipuler au service de la mort). Le poids de l’interdit biblique de la représentation et son destin dans les monothéismes sera l’un de nos thèmes de travail.
La pulsion scopique qui pousse autant à voir qu’à se faire voir, n’est en effet plus limitée par l’interdit, la honte ou la pudeur. Dans notre société décomplexée, l’image se fétichise. Ce qu’elle met en scène serait plutôt du côté de l’abjection et du rien. Si la consommation de rêves virtuels promeut de nouvelles formes de jouissances solitaires ou en réseaux, elle produit aussi de nouveaux symptômes. La violence envahissante, le sexe exhibé et la pornographie ne suffisent « certainement pas à traiter les angoisses et les problèmes particuliers ». Ils exacerbent plutôt une jouissance effrénée. Jadis, nous tentions de composer avec l’Autre. À présent, il nous faut plutôt tenir compte de l’unité imaginaire, et de l’Un de la jouissance, dont le modèle est l’addiction. Fait de corps et de sens, l’imaginaire condamne ainsi, sans doute plus que jamais, les êtres parlants à ce que Lacan appelait la « débilité mentale », celle qui précisément maintient la duperie possible. C’est alors que, se faisant instrument de pouvoir et de communication, l’imaginaire secrète de nouveaux codes sociaux. Victoire de la science plus que de la religion, l’image fait de la norme l’idéal du bien, du bon et du beau... quitte à servir le pire. Le tout visible, partout et tout le temps, devient le principe du discours actuel, y compris lorsqu’il s’agit de soigner, d’éduquer ou de gouverner. La science veut tout voir et promet qu’elle le peut.
Cependant, derrière les images… il y a un regard !
Dès lors, assistons-nous au triomphe de l’image ou « au triomphe de la volonté de voir » ? Vers quelle direction orienter les cures dans ce monde nouveau où l’image triomphe et où la coupure entre voir et être vu s’efface ? Comment manier le transfert avec des sujets qui jamais ne se déconnectent de leurs objets gadgets, tablettes ou smartphones ? Sujets dont le rapport au regard (le leur ou celui de l’autre) fait symptôme ?
Nous devrons nous demander : Qu’est-ce qu’une image ? Comment se construit l’image du corps ? Que nous apprend l’hystérique, qui s’épuise à traiter l’énigme de sa féminité par l’image ? Que dire du travail de figuration dans le rêve ? Comment prendre en compte, à partir de la perversion comme de la sublimation, la satisfaction directe de la pulsion que permet l’imaginaire, hors de la castration ? Comment aborder l’envahissement de l’imaginaire dans la psychose ? Que dire de neuf, à propos des hallucinations visuelles, des images indélébiles ? Que nous enseignent les autistes, qui peuvent démontrer l’efficacité intelligente de ce que l’une d’entre eux, Temple Grandin, appelle « penser en images » ?
L’analyse a beaucoup à apprendre du triomphe de l’image, car « ce que l’homme sait faire avec son image […] permet d’imaginer la façon dont on se débrouille avec le symptôme ». Il y a en effet bien des embrouilles dans l’existence : avec les symptômes dont on pâtit, ou avec les partenaires-symptômes et leurs corps…
Novembre 2017
C’est la honte !
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Argument
Le Malaise actuel de la Civilisation est un enjeu majeur pour la psychanalyse. Nous devons saisir comment le réel affecte aujourd’hui les subjectivités. « Nous sommes au point où le discours dominant enjoint de n’avoir plus honte de sa jouissance. Du reste, oui. De son désir, mais pas de sa jouissance », constate J.-A. Miller.
Avec le déclin du Père, nous ne sommes plus portés par des valeurs culturelles communes ni par une tradition héritée. Les identités s’éparpillent. La jouissance est un impératif. « La montée au zénith de l’objet a » a pris le pas sur les repères symboliques et les idéaux. Trouver un sens à l’existence devient problématique pour le sujet contemporain. Livré à la solitude de sa jouissance, il peut chercher dans les communautés de jouissance une identité en prêt-à-porter et une boussole – ou sombrer dans un ennui mortel.
Avec le triomphe du discours capitaliste, l’évaluateur et le bureaucrate remplacent le maître. L’asservissement à leur pouvoir, anonyme et souvent invisible, est d’autant plus féroce.
En réaction à la sortie de scène du Père, notre époque est aussi celle du retour de la religion, vers laquelle de nombreux sujets déboussolés se tournent, parfois de façon radicale. Ceux-là se soumettent à une figure de l’Autre absolu, tyrannique, à des règles universelles aliénantes, parfois au prix même de leur vie. Le terroriste est une figure de notre temps. Faute de reconnaissance par la voie du symbolique, certains choisissent le passage l’acte : ils veulent marquer l’histoire, se faire un nom en se sacrifiant au nom d’une cause. Ce qui se déchaîne, au fond, c’est la haine. Sur fond de déception et de méconnaissance, la haine (de soi ou de l’autre) s’adresse à l’Un et vise la rupture, l’anéantissement de la relation.
L’impératif de jouissance aux commandes propage aussi une demande d’hyper-normativité, conforme aux exigences du surmoi obscène. À tenir l’Autre pour « un sous-développé » (ou à l’inverse pour un infidèle, un impie…), grande est la tentation de lui imposer notre mode de jouissance. Lacan avait annoncé dans « Télévision » la montée prévisible du racisme et de la ségrégation, comme conséquence de « l’égarement de notre jouissance ».
Par ailleurs, le surmoi actuel impose de « tout dire » et de « tout montrer ». Le sujet contemporain peut se réduire à un pur regard par le trou de la serrure, renvoyant l’autre à un « statut de rebut honteux ». « L’impudeur de l’un fait le viol de la pudeur de l’autre », dit Lacan.
Une nouvelle clinique s’ouvre à nous : celle de la croyance, de la soumission, de l’emprise ; autant de « déclinaisons de la dépendance », car notre époque est celle de l’addiction généralisée et de ce que nous appelons les « pathologies du surmoi ». Comment la psychanalyse permet-elle à des sujets de sortir de dispositifs aliénants, de systèmes de jouissance désubjectivants, d’idéaux universalisants, pour qu’ils puissent trouver l’appui de leur symptôme, élaborer un récit sur ce qui cloche, pour s’orienter dans le monde d’une façon singulière ?
Cette année de travail nous conduira à revisiter des signifiants qui surgissent dans l’actualité comme dans la clinique : le héros, le sacrifice, mais aussi la pudeur ou l’honneur, figures imaginaires que notre temps oppose à la honte, à la culpabilité et à la haine. Nous verrons comment, dans la plainte que les sujets déboussolés nous adressent, « la culpabilité comme la honte sont des modes de traitement du réel qu’il faut savoir respecter » et comment « plutôt que déculpabiliser, la psychanalyse divise sur le chemin vers la responsabilité du sujet ».
Novembre 2016
Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ?
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Argument
Ces questions cruciales nous ont tous traversés à un moment ou à un autre de notre vie. Elles n’interrogent pas la destinée, mais notre présence au monde. Elles se posent à partir du moment où on ne croit pas être sur une voie toute tracée, celle de la tradition et de l’héritage ou pris dans un flot qui nous porte, celui de la race, de la nation ou de l’espèce. C’est l’individu qui s’interroge et tâche de déterminer sa conduite sans qu’une révélation ou un programme transcendant lui assigne sa manière de vivre. La modernité nous permet d’accéder à une telle formulation car Dieu (ou les dieux) nous laisse responsables de nous-mêmes. Deux affects sont la contrepartie de cette liberté des Modernes : le désenchantement et l’angoisse. C’est le prix de cette pensée à laquelle on a donné le nom de Lumière(s) et dont nous restons profondément imprégnés. Le programme des Lumières est toujours d’actualité, mais de l’eau a coulé sous les ponts et la Raison n’a pas tenu toutes ses promesses. La science et son prolongement technique ont produit autant d’horreurs qu’elles ont permis d’avancées triomphantes.
La psychanalyse a permis depuis une profonde réforme de la pensée. Fille du rationalisme et de la science, elle a su éclairer jusqu’aux zones réputées les plus obscures de l’âme humaine. Refusant de laisser à l’ineffable et au démoniaque la vie psychique et la folie elle-même, elle a forgé, avec l’inconscient inventé par Freud, les outils d’une exploration de la psyché inédite. Cette révolution n’est pas allée sans désidéalisation de la science et sans réserve quant au « progrès ». C’est ce qu’on voit à l’œuvre dans le dialogue que nous connaissons sous le nom de « Télévision », où Jacques-Alain Miller invite Lacan à donner son avis sur ces trois questions. Lacan ne réenchante pas le monde ; pas de lendemain qui chante ni de salut à espérer : il pousse encore plus avant l’exercice d’élucidation et la critique des illusions modernes. À l’heure de la promotion de la normalisation et des communautés de jouissance, c’est la question du sujet, du singulier et du contingent qui est posée. La subversion du discours courant renvoie le sujet à une éthique dont le bien-dire est la clé et le désir le fondement. C’est l’inconscient – et le savoir supposé à son sujet – qui nous permet d’accéder à un réel, hors de toute croyance en un savoir absolu ou une connaissance ultime.
Si nous remettons l’ouvrage sur le métier, c’est qu’autant de temps nous sépare de « Télévision », qu’il ne s’en est écoulé depuis l’invention de la psychanalyse. L’époque nouvelle a connu des mutations irréversibles. Les sujets d’aujourd’hui se trouvent désemparés, sans boussole et volontiers égarés dans leur jouissance. Nous avons donc à nous interroger sur les savoirs dont nous disposons. Comment nous servent-ils à nous repérer, à penser notre expérience et à mener nos vies ? Que pouvons-nous dire, sans nous bercer d’espoirs vains, sur ce que sera peut-être demain ? Comment se passer de la tradition et inventer, plutôt que répéter ? Quelles voies sont possibles, qui ne soient ni celle du retour à Dieu et son passé funeste, ni celles du pire et du désespoir programmé ? Comment faire avec la varité, l’absence de l’Autre, la reconnaissance du hasard et de la contingence, sans sombrer dans le cynisme postmoderne ou le relativisme nihiliste ? Quelle place pour les idéaux sans crédulité ? Que savoir de la « réalité sexuelle », qui n’est autre que celle de l’inconscient ? Que faire et qu’espérer en reconnaissant l’impossibilité d’écrire le « rapport sexuel » ? Quel avenir pour les femmes, pour l’amour ? N’est-ce pas la voie du gay sçavoir ? Voilà le défi que nous relèverons cette année.
Novembre 2015
AMOUR, DESIR et JOUISSANCE
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Argument
Le préalable, c’est la jouissance… Le vivant en est la condition ; autrement dit, un corps, ça se jouit. Substance jouissante, ce corps auquel nous avons affaire est avant tout un corps parlant, un corps issu d’un désir qui a pu le faire émerger grâce à une construction et un nouage entre symbolique, imaginaire et réel. Une part de cette jouissance est interdite à l’être parlant, mais l’inscription du sujet dans l’ordre symbolique du langage lui permet d’accéder au désir.
Lacan a pu dire que : « Seul l’amour permet à la jouissance de condescendre au désir », nouant ces trois signifiants dans une formulation resserrée, voire énigmatique, que nous mettrons au travail cette année. C’est qu’en effet, au royaume du non-rapport sexuel, c’est l’amour qui règne en maître, mettant en évidence notamment que « la jouissance […] du corps de l’Autre […] n’est pas le signe de l’amour ». Il y a de l’Un. Et il y a l’Autre. L’inconscient est au travail de l’Un faisant le lit de la solitude, de l’autisme de la jouissance.
Quelles conséquences s’en dégageront pour que puisse se lire cette disjonction entre le désir et l’amour ? Mais également, entre l’amour et la jouissance. La relever nous conduira à décliner ce ternaire côté homme et côté femme. Là où la dissymétrie – la différence des modes de jouissance et du rapport à l’amour et au désir – est la règle. À l’heure de l’affaiblissement de l’ordre symbolique, des bouleversements dans le réel, nous interrogerons la façon dont les êtres parlants au XXIe siècle s’embrouillent et se débrouillent avec ce qui ne sert à rien, soit ladite jouissance. Car, au-delà du malentendu – du ratage « qui leur permet de se reproduire », comme l’énonce encore Lacan – comment l’amour vient-il faire solution, suppléance faudrait-il dire, entre les sexes ? Étudier les nouages entre l’amour, le désir et la jouissance, nous ouvrira la voie vers une (re)définition du non-rapport sexuel que nous tenterons de lire à partir des coordonnées de notre clinique contemporaine.
Octobre 2015
Dossier Spécial Névrose : Hystérie, Obsession et Phobie
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Argument
L’hystérie, modèle de la névrose
L’hystérie n’est ni une maladie ni un trouble – c’est une énigme posée au maître. Voilà sans doute pourquoi, en tant que névrose, elle s’est trouvée exclue de la classification psychiatrique DSM et laissée au soin de la psychanalyse, qu’elle a pour une part inventée. Ce qui ne l’empêche pas de souffrir, spécialement par la voie du corps, de ce qu’on ne l’entende pas, qu’on ne la comprenne pas, voire qu’on ne l’aime pas. Elle est sujette au manque, à l’insatisfaction, jusqu’à pouvoir s’en rendre malade. C’est pour elle une façon de s’inscrire dans le champ du langage et de la parole par la voie du symptôme.
Langage certes, mais Lacan nous indique aussi la direction de l’objet : « Ce qu’à la limite l’hystérique veut qu’on sache, c’est que le langage dérape sur l’ampleur de ce qu’elle peut ouvrir, comme femme, sur la jouissance. Mais ce n’est pas ce qui importe à l’hystérique. Ce qui lui importe, c’est que l’autre qui s’appelle l’homme sache quel objet précieux elle devient dans ce contexte de discours. N’est-ce pas là, après tout, le fond même de l’expérience analytique ? »
Dès 1894, la psychanalyse s’est révélée au monde à partir des Études sur l’Hystérie, menées par Freud et Breuer. Il s’en est suivi l’apparition d’une nouvelle nomination dans la liste des syndromes pathologiques, celle de névrose, qui se distinguait de ne pas relever d’une causalité organique, mais d’une causalité proprement psychique. Le statut de cette causalité psychique est resté longtemps en débat. Freud, bien qu’ayant désigné immédiatement et formellement la condition sexuelle de la symptomatologie hystérique, s’est trouvé dans l’obligation de déplacer une théorie traumatique sexuelle identifiée dans la réalité vers un traumatisme articulé dans le fantasme. Il a fallu pour cela élaborer la notion de refoulement. Ainsi, ce qui s’inaugurait (plutôt mal) comme une thérapeutique « cathartique » a pu trouver son régime sur le principe de l’interprétation.
Décembre 2014
La famille à l’envers
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Argument
Dans « Les complexes familiaux », Jacques Lacan mettait l’accent sur le fait que « La famille n’est pas naturelle, n’est pas un fait biologique, mais un fait social ».
Ce fait social correspond aux instances culturelles qui, dans l’ordre du symbolique, dominent les instances naturelles. Sont là concernées : « les modes d’organisation de l’autorité familiale, les lois de sa transmission, les concepts de la descendance et de la parenté qui lui sont joints, les lois de l’héritage et de la succession qui s’y combinent, enfin ses rapports intimes avec les lois du mariage ». La famille est considérée comme une institution, à l’intérieur de laquelle l’enfant vient se loger et dans laquelle se fera son évolution, en abordant les différents complexes. C’est l’époque où Lacan affirme la suprématie de la métaphore paternelle et des lois du langage, sur la nature.
Aujourd’hui, la famille ne s’inscrit plus dans les mêmes coordonnées. Les règles de la nature ont changé, elles ont été bousculées par la science. Les techniques de la biologie ont désacralisé les ventres, la maternité, la procréation. Ce qui préside à l’établissement d’une famille n’est plus de l’ordre du symbolique et n’inclut plus forcément les fonctions de père ou de mère. Ce qui domine, ce sont les modes combinatoires des jouissances des hommes et des femmes entre eux, qui entraînent une très grande variété des modes de conjugalité.
« Désormais, c’est la naissance d’un enfant qui crée la famille », comme l’écrit la Mission d’information de l’Assemblée nationale sur la famille ; ce n’est plus la famille qui attend un enfant.
L’enfant n’est donc plus celui pour qui l’institution qu’est la famille traditionnelle a préétabli sa place, son logement. Cela a des conséquences pour la clinique. Cela lui confère une grande responsabilité.
Nous remarquons depuis longtemps le déclin social de la fonction paternelle. À l’extrême, le père, au regard de la loi, peut maintenant se réduire à être un gamète. Mais que devient la mère, quand elle est mère porteuse ou mère de substitution ? Les fonctions du père et de la mère ont déshabité l’adéquation au lien de sang. À présent, ces fonctions ne se réfèrent plus seulement au sexe qui était censé les supporter ; en témoignent les cas où le père fait la mère et inversement, et ceux liés à l’homoparentalité.
La psychanalyse depuis Freud avait prévu, peut-être devancé, ces bouleversements. La famille n’est plus seulement celle qui semble instituée, c’est celle du mythe individuel du névrosé que le sujet dénonce. Ce qui oriente le sujet n’est pas seulement son père ou sa mère c’est, pour Lacan, les signifiants maîtres. Mais que devient la clinique lorsque ce ne sont plus les signifiants maîtres qui orientent le sujet, mais l’exigence du plus-de-jouir ?
Le statut de l’enfant serait à revoir, il n’est plus seulement l’infans, celui qui ne parle pas mais qui est parlé, il est celui que les psychanalystes écoutent, comme un sujet à part entière.
Comme le dit Jacques-Alain Miller, dans son intervention aux Journées de l’enfant en mars 2011, avec le titre L’enfant et le savoir : « C’est l’enfant, dans la psychanalyse, qui est supposé savoir, et c’est plutôt l’Autre qu’il s’agit d’éduquer, c’est à l’Autre qu’il convient d’apprendre à se tenir. Quand cet Autre est incohérent et déchiré, quand il laisse ainsi le sujet sans boussole et sans identification, il s’agit d’élucubrer avec l’enfant un savoir à sa main, à sa mesure, qui puisse lui servir ».
Notre travail de l’année suivra trois axes : l'évolution des familles contemporaines ; l'évolution de la conception de la famille de Freud à Lacan, puis de Lacan à Lacan, résultant de la pratique analytique ; les conséquences cliniques pour l’enfant de ces changements dans l’Autre social.
Octobre 2014
Inventions & solutions dans la psychose
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Argument
« Nous sommes tous des malheureux avec le réel » : l’opacité sexuelle et les embrouilles de l’existence concernent chaque être parlant. Comment s’accommoder de notre corps, des autres, de la jouissance, du sens et de la mort ? Certains disposent d’une boussole dont l’Œdipe freudien les a dotés : le Nom-du-Père, qui noue le désir et la Loi. Ils peuvent ainsi suivre la grande route, comme tout le monde, la voie tracée, conforme, « normale » et balisée. Les autres – ceux qu’on dit « psychotiques » – risquent d’errer, faute de ce repère et de ces réponses toutes faites, de ce prêt-à-porter « traditionnel et hérité ». Faute d’avoir reçu ce kit du névrosé banal, il leur reste la possibilité de forger des solutions singulières. C’est même souvent une nécessité vitale. Un travail de bricolage les attend, pour lequel une véritable capacité d’invention s’avère indispensable : on raboute, on rafistole, on assemble de bric et de broc, on fait des épissures. Le montage tient de l’assemblage surréaliste parfois, de l’œuvre d’un Tinguely ou d’un Arcimboldo. La création est au principe de ces combinaisons de fortune qui aident à tenir dans le monde et avec les autres, à vivre malgré les écueils croisés du signifiant et de la jouissance.
Lacan a donné l’exemple d’un tel montage avec Joyce : telle est la solution joycienne. Mais chaque cas fait la preuve de la même exigence pour pallier le défaut de la structure. La plus grande diversité marque ce que nous étudierons cette année sous le titre des « Inventions et solutions dans la psychose ».
Au cas par cas, dans la littérature et l’histoire, dans la clinique d’hier et d’aujourd’hui, nous tâcherons de nous faire enseigner par les inventeurs de nouages insolites, les « Facteur cheval » de la vie quotidienne.
Octobre 2013
Désir et fantasme
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Argument
Le fantasme est un concept spécifique de la pratique analytique. « S’il y a quelque chose que nous apprend l’expérience psychanalytique, c’est bien ce qui concerne le monde du fantasme », avance Lacan. En effet, pour peu qu’un analyste consente à se faire « portier de l’inconscient » et permette au sujet d’aller au-delà des élucubrations sur le sens dont se nourrissent les psychothérapies, l’analysant aura accès au registre où pourront se développer les questions du fantasme, du désir et de la jouissance.
En 1897, Freud renonce à sa théorie de la séduction de l'enfant par un adulte pervers, dont il faisait jusque-là la cause des symptômes hystériques. En écrivant à Fliess qu’il ne croit plus à sa Neurotica, il substitue le fantasme inconscient à l'événement traumatique, tout en le différenciant du rêve. Il soutiendra ensuite que les fantasmes inconscients des névrosés présentent « le même contenu que les actions authentiques des pervers ». Jusqu’à « Un enfant est battu » (1919), article qui marque un tournant : dans ce paradigme analytique du fantasme, qui se présente sous la forme d’un texte se déroulant en phrases successives, Freud articule étroitement la satisfaction masturbatoire – c’est-à-dire la jouissance – avec le fantasme.
Lacan montrera d’une part que c’est dans le fantasme que le désir trouve « son support, et son réglage imaginaire » et d’autre part que la cause du désir est en l’Autre : « Le désir c’est le désir de l’Autre ». Il déploiera la logique du fantasme qui met en rapport le sujet, fondamentalement divisé par le signifiant, et l’objet qui comblerait sa faille, l’objet petit a. C’est pourquoi le fantasme est « ce qui sert le mieux au névrosé à recouvrir l'angoisse ». À côté du symptôme, il représente une solution à l’impossible écriture du rapport sexuel. Le désir est donc régi par un scénario qui offre du même coup son cadre à la réalité. Ce scénario a une structure ; des protagonistes et des places offrant la possibilité de multiples permutations ; un récit qui peut se réduire à une phrase aussi minimale qu’une épure ; des images. Mais ce qui en fait le cœur et l’essence est une modalité de jouissance, que cet appareil complexe enveloppe et habille.
J.-A. Miller montrera que distinguer cliniquement l’objet et le signifiant, donc le fantasme et le symptôme, est essentiel pour la direction d’une cure. Un juste repérage du fantasme est nécessaire dans la conduite d'une cure de psychanalyse pure ou appliquée.
La psychanalyse s’offre à déchiffrer ce savoir inconscient, en isolant les objets a produits dans le manque de l’Autre, permettant ainsi à la cure d’« opérer sur le fantasme ». Restera à l’analysant à rencontrer, au-delà de ce savoir chiffré, l’horreur de savoir, soit le réel que le fantasme masque et traite à la fois.
Nous aurons à étudier les coordonnées du fantasme dans chacune des structures cliniques et leurs effets quant au désir :
– Pour le névrosé, le fantasme met en scène un Autre et son manque, qui sont ses partenaires. Si l’hystérique soutient son désir comme insatisfait et affiche sa castration, l’obsessionnel évite son propre désir et vise à annuler celui de l’Autre.
– Le pervers quant à lui se pose volontiers en victime du désir de l’Autre qu’il s’emploie à angoisser.
– Pour le sujet psychotique, la non-extraction de l’objet petit a compromet l’avènement de la structure du fantasme et la possible régulation de la jouissance par l’accès au désir. Nous verrons à quelles inventions il sait recourir, qui peuvent tenir lieu de fantasme.
Février 2011
Dossier spécial Autisme
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Argument
Durant deux années, 2008-2009 et 2009-2010, un atelier a eu lieu à la section clinique de Nice sur l’actualité de l’autisme. Un discours s’y est tenu, fort éloigné de celui de la psychiatrie moderne. Forte de son alliance avec la médecine, la psychiatrie a sorti l’autisme de la scène de la relation et l’a converti en objet de recherches pour démontrer de possibles altérations organiques. Au nom de principes et de théories faussement scientifiques, le politique fait de l’autisme un handicap et opte pour la mise en œuvre de méthodes éducatives.
À l’envers de cette politique de santé mentale qui ferme la porte à toute manifestation de la singularité des êtres parlants, la psychanalyse vise à produire et à garantir la dimension subjective dans laquelle un sujet pourra prendre la parole.
En ouverture de ce dossier « spécial autisme », figure un texte théorique et politique de François Bony qui reprend l’actualité de cette question.
Suivent cinq textes cliniques qui démontrent, chacun à leur manière, que le savoir du praticien se construit au cas par cas. Si le désir du praticien le conduit à accueillir les inventions du sujet, il s’en retrouve enseigné par chaque sujet, y compris par les sujets autistes.
Dans la rubrique « Moments de lecture », sont regroupées les interventions des participants qui portent sur la spécificité de l’abord théorique de la question par certains membres de l’École. Chaque participant a accepté pour cette publication d’extraire les points forts du texte qu’il avait présenté en atelier.
Ce dossier se conclut par la conférence faite par Jacques Ruff à Nice le 13 juin 2009. Ce texte, repris dans l’atelier, témoigne du work in progress qu’effectue Jacques Ruff autour des livres de Temple Grandin.
Philippe LIENHARD
Février 2005
Clinique du lien social
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Voici la quatrième livraison des Cahiers Cliniques de Nice.
Elle accompagne la neuvième session de formation à la clinique psychanalytique que nous organisons.
Le premier numéro des Cahiers contenait un inédit de Lacan, Le phénomène lacanien. Cette conférence avait été faite à Nice, au Centre Universitaire Méditerranéen et nous avions pensé qu’il n’y aurait pas de meilleur signe du projet qui était le nôtre.
Le volume que vous tenez dans les mains contient pour l’essentiel les travaux de la session 2003-2004 qui portait sur la clinique du lien social. Vous y lirez aussi des textes du Séminaire sur les psychoses qui est notre module ouvert, fonctionnant pour la troisième année et visant à offrir une base de référence aux cliniciens.
La section clinique de Nice publie aussi les Minutes du Cercle de Nice. Son premier numéro, diffusé en décembre 2004, rassemble les recherches de notre cercle de recherche clinique sur La séance avec le sujet psychotique.
Ces documents sont distribués gratuitement aux participants inscrits à la Section clinique, et aux bibliothèques des autres Antennes, Collèges et Sections du Champ Freudien.
Sauf omission ou cas particulier, tous ces textes sont aussi consultables sur le site Internet de la Section.
Philippe de Georges
14 janvier 2005