UFORCA-NICE
SESSION 2025 - 2026
SECTION CLINIQUE DE NICE
LA CROYANCE DANS LA CLINIQUE
ET DANS L'ÉPOQUE
Argument
Croyance : La croyance vient parer à l’angoisse. Selon Freud, face aux désastres angoissants qui nous renvoient à « notre faiblesse désemparée[1] », l’homme a interprété les manifestations de la nature en faisant exister les dieux. Il s’agit donc d’une défense contre un réel, interprété comme le caprice d’un Autre obscur. Cette création s’opère selon un mode infantile, celui de l’enfant désirant la protection du père pour contrer le désarroi structurel de l’existence. La croyance vient donc donner un sens au réel, en faisant appel à l’Autre. Mais si la perspective positiviste de l’auteur de L’avenir d’une illusion est celle d’une extinction de la religion, pour Lacan celle-ci est « increvable[2] », et la véritable formule de l’athéisme est « Dieu est inconscient[3]». Il s’agit de ne pas croire en Dieu, tout en respectant sa place dans la structure.
Incroyance : Pour Freud, ce qui spécifie la paranoïa n’est pas la croyance du sujet dans ses hallucinations ou son délire, – où il s’agit plutôt de certitude, certitude que ça le concerne, face au caractère énigmatique du phénomène élémentaire – ; mais l’incroyance (Das Unglauben[4]) du sujet. C’est dans l’incroyance que réside la cause du délire. C’est en tout cas ce que nous fait remarquer Lacan[5] qui fait de l’incroyance le signe d’une position subjective. L’incroyance du paranoïaque ne porte pas sur une idée mais sur la question de la cause : cela ne peut pas venir de lui, la cause de sa souffrance est attribuée à un autre, au-dehors. L’« Unglauben [c’est] ne rien vouloir savoir du coin où il s’agit de la vérité[6] ». La vérité devient une certitude qui le vise personnellement.
Dans le monde de l’incroyance, ce qui a été rejeté du symbolique revient dans le réel. L’incroyance « ce n’est pas le n'y pas croire, mais l’absence d’un des termes de la division du sujet[7]» . Dans la croyance, il s’agit donc pour Lacan du lien à l’articulation signifiante elle-même. À partir de là, nous pourrons nous poser la question du statut de l’acte de foi vis-à-vis du sujet supposé savoir et de la position du clinicien dans chacune des structures cliniques.
Dans le dernier enseignement de Lacan, la question de la croyance s’articule au symptôme. Croire à son symptôme qui dit une vérité ; y croire, et non le croire, comme le psychotique croit ses voix (il les croit). Le père, figure fondamentale de la croyance devient un symptôme. Lorsque « Tout le monde délire », mieux vaut croire à son symptôme. Être dupe, c’est y croire, tandis que les non-dupes errent.
La science, comme la psychose, rejette la croyance. On ne croit pas à une hypothèse scientifique : on se soumet à la logique de la démonstration. Quant aux conséquences de la science et du peu de cas que nous faisons du côté fort dangereux de ses productions, nous verrons que « si cela ne nous fait ni chaud ni froid […] c’est que [nous sommes tous] insérés dans ce signifiant majeur qui s’appelle le Père-Noël. Avec le Père-Noël cela s’arrange toujours[8]».
Examiner la question de la croyance dans l’époque nous conduira à examiner les questions du retour du religieux, du complotisme… ainsi que « la naïveté individuelle du sujet qui croit en soi, qui croit qu’il est lui – folie assez commune, et qui n’est pas une complète folie, car cela fait partie de l’ordre des croyances[9] » et encore les formes modernes de l’autodétermination.
François Bony
[1] Freud S., L’avenir d’une illusion, Paris, Seuil, 2011, p. 55.
[2] Lacan J., Conférence de presse au centre culturel français, Rome, 29/10/74.
[3] Lacan J., Le Séminaire, Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973, p. 58.
[4] Littéralement : refus de la croyance (foi), déni.
[5] « Dans la paranoïa, chose curieuse, Freud nous apporte ce terme que je vous prie de méditer dans son jaillissement primordial - Versagen des Glauben. Ce premier étranger par rapport à quoi le sujet a à se référer d’abord, le paranoïaque n’y croit pas. […] L’attitude radicale du paranoïaque […] intéresse le mode le plus profond du rapport de l’homme à la réalité, à savoir ce qui s’articule comme la foi », Lacan J., Le Séminaire, Livre VII, L’éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil,1986, p. 67.
[6] Lacan J., Le Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1991, p. 71.
[7] Lacan J., Le Séminaire, Livre XI, op.cit., p. 216.
[8] Lacan J., Le Séminaire, Livre III, Les psychoses, Paris, Seuil, 1981, p. 361-362.
[9] Lacan J., Le Séminaire, Livre I, Le Moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1978, p. 20.
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• Un patient hospitalisé dans un des services qui nous accueille est choisi par celui-ci et rencontre un analyste pour une unique occasion. Il s’agit, au-delà d’une visée diagnostique, de lire le symptôme du patient, son incidence sur sa vie et son lien avec son histoire subjective. La prise en charge et l’action thérapeutique donnent lieu à une réflexion éclairée par les concepts analytiques. Ainsi est mise en valeur la diversité des solutions et des tentatives de stabilisation dans le lien social.
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