SECTION CLINIQUE DE NICE
SESSION 2023 - 2024
LES SÉMINAIRES
Séminaire d'Introduction à la Psychanalyse
Ce séminaire pourrait s’intituler : « Tu peux savoir ». Il s’agit en effet de donner accès à qui s’y intéresse à l’atelier du psychanalyste : quels sont ses outils, c’est-à-dire les concepts qui servent à sa pratique ? Quels sont les principes qui régissent celle-ci ? Quelles sont les finalités de cette expérience unique ?
6 séances le mardi soir, de novembre à avril, à 20h30, à Nice. Durée : 1h30
Bulletin d’inscription
Argument de l’Année 2023-2024 : Le Père dans tous ses états
En inventant la psychanalyse, Freud a mis en lumière qu’une figure particulière était nécessaire à la civilisation pour qu’elle se structure : il l’a nommée « Père » et décrite précisément dans ses différentes fonctions. Du père jouisseur il a fait un mythe fondateur dont il a vu la trace dans les grandes religions monothéistes qui promeuvent un Dieu unique et éternel, Dieu le père. Mais au-delà d’une place supposée enviable, c’est aussi la faute initiale du père qui se transmet toujours. Lacan, à son tour, a souligné combien pèse la détermination de la personnalité du père « toujours carente en quelque façon, absente, humiliée, divisée ou postiche[1] ». Il relira le mythe d’Œdipe en soulignant le rôle du père dans une articulation possible de la jouissance à la Loi, dont la conséquence est une ouverture possible vers le désir ; mais il en fera aussi une critique qui le conduira au-delà. Lacan ira donc plus loin que les structures élémentaires de la parenté, vers le Nom-du-Père comme signifiant puis comme pure fonction logique, celle de l’exception.
Le père est-il toujours en fonction ? Qu’est-ce qui, aujourd’hui, peut venir incarner la Loi dans le désir ? Ou l’exception ? Comment les outils de la psychanalyse peuvent-ils permettre de lire la marche de la civilisation, laquelle n’en finit pas d’en découdre avec le père, ressurgi en force dans la dénonciation réitérée du patriarcat. Car un père à combattre, c’est un père qui n’en est pas moins là.
Le séminaire reprendra les principales articulations de la théorie analytique autour de la question du père et tentera d’en montrer la pertinence et les limites, tant sur le plan de la lecture clinique que de celle du malaise contemporain.
[1] Lacan J., « Les complexes familiaux dans la formation de l’individu », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 61.
Le Cercle
Certains participants nous accompagnent depuis longtemps, ce qui a permis de constituer un noyau dur, le Cercle de Nice, où l’on tâche d’aller plus loin, du côté de la recherche et de l’innovation.
Le réseau national du Cercle-Uforca permet la confrontation des travaux. Tous les ans, une rencontre nationale Uforca est organisée, sur le thème de travail des cercles.
Argument de l’Année 2023-2024
Thème : « Des diagnostics dans la pratique ».
Le terme de diagnostic signifie ce qui se distingue, se sépare ou bien se traverse, dans la connaissance. Le préfixe -Dia a plusieurs traductions et peut entrainer plusieurs sens au terme de Diagnostic.
En médecine comme maintenant en psychiatrie, le diagnostic se fait sur le repérage des troubles, regroupés en syndrome qui entre dans une classe. Ce repérage se veut objectif et pourrait tout aussi bien être produit par une machine.
Avec la psychanalyse, il s’agit de savoir d’abord sur quoi vont porter les diagnostics, cette question est intéressante car elle évolue de Freud à Lacan ; et ensuite de cerner l’impact des modes diagnostiques, car il y en a plusieurs, dans la pratique.
Dès 1913, dans un texte très technique qui s’intitule « Le début du traitement », Freud qui cherchait à viser la névrose pour concevoir qu’une psychanalyse était possible, dit se servir du « traitement préliminaire » pour faciliter le diagnostic qui doit s’établir de façon différentielle entre les trois grandes classes, névrose, psychose et perversion.
Avec Lacan, le diagnostic porte sur la structure.
Dans un premier temps de l’enseignement de Lacan, la structure « ...s’ordonne dans l’ensemble des effets produits par le langage »[1]. La combinatoire signifiante, la métaphore, la métonymie, le sens, la signification déterminent la structure. Le diagnostic se fait sous transfert dans la relation au psychanalyste. On pourrait interroger à ce sujet une proposition de Lacan dans les Autres Ecrits quand il affirme que la pratique du psychanalyste doit « s’égaler à la structure »[2].
Dans le séminaire portant sur les psychoses, Lacan met (déjà) un bémol sur la structure et sa stabilité en disant que la structure est « un groupe d’élément formant un ensemble covariant »[3].
Il y a un changement de paradigme dans le dernier enseignement de Lacan avec les propositions suivantes : « La structure c’est le réel »[4] ; « La structure, c’est le réel qui se fait jour dans le langage »[5]. Le diagnostic est dévalué lorsque l’accent est mis sur le réel comme impossible. Il s’agira alors que la pratique s’intéresse à la jouissance, au fait qu’elle soit envahissante ou qu’elle ait des modes d’appareillages ; au phénomène ; au corps parlant.
Jacques Alain Miller dans son cours, dit à propos des contrôles qu’il essaie de faire valoir le singulier dans le cas : « Ce que j’essaie d’y insinuer c’est le point de vue du singulier. Bien sûr à l’occasion, j’accepte le problème en termes de classes diagnostiques, mais tout en tentant de le désamorcer dans ce qu’il a de trop insistant, pour faire prévaloir ce que je crois plus proprement psychanalytique : le point de vue anti-diagnostique »[6] ; Il rajoute que le diagnostic viendra de surcroît.
Le triptyque des classes diagnostiques, névrose, psychose et perversion, s’est vu bousculé par l’apparition depuis la convention d’Antibes, de la notion de psychose ordinaire. Nous pourrions peut-être examiner quelques années après, la validité de cette notion dans notre pratique. Qu’est ce qui change dans notre pratique quand il s’agit d’une clinique continuiste ou discontinuiste ?
Dans un Hebdo-blog, Gil Caroz pointe que Miller dans une réunion antérieure (dont il donne la référence) aurait souligné que le « diagnostic n’est plus en vigueur dans une clinique qui prend acte du « tout le monde délire » lacanien »[7]. Quelle conséquence pour notre pratique ?
[1] J. Lacan., Remarques sur le rapport de Daniel Lagache, Les Ecrits 1966, page 649.
[2] J. Lacan., La méprise du sujet supposé savoir ; Autres Ecrits, 1967, page 338.
[3] J. Lacan., Séminaire Les Psychoses, livre I, page 207.
[4] J. Lacan. Séminaire D’un Autre à l’autre, page 30.
[5] J. Lacan. L’Etourdit ; Autres Ecrits, page 33.
[6] Jacques Alain Miller. Choses de finesse, année 2008-2009, cours du 17 décembre 2008.
[7] Gil Caroz. Diagnostiquer, un effort de poésie. Hebdo-blog du 21 février 2016.
Séminaire de Psychanalyse Appliquée (SPA)
Ce séminaire est ouvert à des participants ayant déjà été inscrits au moins deux fois à la Section clinique et ayant une pratique clinique, libérale ou en institution. On y met au travail l’expérience pratique et les concepts théoriques de la psychanalyse appliquée à la thérapeutique ou aux institutions. Participer au SPA peut permettre d’être consultant au CPCT.
Pour participer au SPA, il faut adresser sa candidature au coordinateur de la section. Le collège enseignant valide les demandes qui lui sont adressées.
Le groupe, composé de huit participants, est animé par deux enseignants. Les participants se réunissent tous les mois durant 3h (2h en semaine et 1h le même samedi que les autres activités de la session). Chacun s’implique par un travail personnel.
Le travail s’articule en trois volets : casuistique, dogmatique et pragmatique.
Volet pragmatique :
Chaque samedi de section, se tient le volet pragmatique qui est une discussion sur la pratique. Des collègues enseignants viennent à tour de rôle parler à partir de leur pratique du thème de l’année. C’est aussi le moment où le SPA a l’occasion d’accueillir en comité restreint, l’invité de la section.
Volet casuistique et dogmatique :
Un lundi par mois (21h - 23h) y est consacré.
La casuistique est l’étude de cas présentés par les participants. La dogmatique est l’étude de textes portant sur le thème de l’année qui sera : s'orienter du réel.
Argument de l’Année 2023-2024 : « À propos du corps »
« À propos du corps ». Sous ce syntagme, nous étudierons les différentes approches du corps proposées par Lacan tout au long de son enseignement.
- Le corps imaginaire : image unifiée donnée par le miroir à une époque où le petit enfant s’éprouve comme morcelé et qui permet l’illusion de croire qu’on a un corps.
- Le corps érotisé, libidinalisé, pulsionnel : conséquence de l’incorporation du symbolique provoquant une mortification de la jouissance, une cadavérisation du corps avec condensation de la libido sur les zones érogènes.
- L’événement de corps : conséquence de la frappe de la motérialité du signifiant sur le corps entrainant une fixation de jouissance qui itère. C’est la corporisation où le signifiant est cause de jouissance.
- Le corps parlant : conséquence de l’événement de corps, c’est le corps en tant qu’il se jouit, le mystère d’une jouissance opaque au sens.
- … liste non exhaustive.

Symptôme, fantasme...
Les appareils de la jouissance